PRéVENIR « L'HYPERTENSION DE LA BLOUSE BLANCHE » : 6 CONSEILS POUR DES MESURES DE TENSION ARTéRIELLE SANS STRESS

Il existe un terme pour désigner le moment où votre tension artérielle augmente lors d’une consultation médicale mais est généralement normale à la maison. C'est ce qu'on appelle « l'hypertension de …

Il est recommandé de faire contrôler sa tension par son médecin 3 à 4 fois par an pour surveiller l’évolution des chiffres tensionnels et ainsi dépister précocement l’apparition d’une hypertension artérielle. Mais cette recommandation ne convient pas toujours aux gens pour qui une visite au cabinet de leur médecin peut provoquer de l'anxiété. Et pour cause, cette situation n’est pas sans augmenter leur tension artérielle or, ce phénomène porte un nom lorsque les mesures de pression artérielle sont plus élevées en cabinet qu'à la maison : l’hypertension de la blouse blanche. Cette dernière est fréquente dans la pratique clinique courante, mais encore peu connue des patients eux-mêmes. S’ajoute à cela le fait que si un consensus existe à propos de la définition de l’hypertension à la consultation, à savoir une pression artérielle égale ou supérieure à 140/90 mmHg, la Revue Médicale Suisse fait savoir que « même lorsque les conditions cliniques (repos depuis au moins cinq minutes, mesures répétées à trois reprises dans une ambiance calme, une température normale) sont respectées, il est connu de longue date que la mesure de la pression artérielle par le médecin peut induire une réaction d’alarme. »

Pour rappel, l’hypertension artérielle (HTA) est la première maladie chronique dans le monde et un des principaux facteurs de risque vasculaire. Une prise en charge efficace diminue le risque de complications cardiovasculaires et contribue à l’allongement de l’espérance de vie. Cependant, environ 20 % des patients hypertendus en France ne sont pas traités et 50 % des patients hypertendus traités n’atteignent pas les objectifs de pression artérielle contrôlée selon les chiffres de la Haute Autorité de Santé (HAS). Les HUG* estiment quant à eux que l’hypertension de la blouse blanche concerne jusqu'à 20% des patients, et si ces derniers n’ont généralement pas besoin d’un traitement médicamenteux, ils doivent bénéficier d’une surveillance tensionnelle annuelle ainsi que la mise en œuvre de mesures hygiéno-diététiques, car le risque de passage à une HTA permanente est élevé. A la question de savoir à quoi celle-ci « ressemble », le réseau de santé Ochsner (USA) indique que « si certaines personnes deviennent visiblement nerveuses, d’autres ne ressentent rien car l'hypertension artérielle ne présente parfois aucun symptôme évident. »

« L’hypertension de la blouse blanche  peut être mal interprétée, conduisant à des médicaments inutiles »

Ce dernier précise toutefois que quelques indices pourraient laisser présager d’une hypertension de la blouse blanche, à savoir des lectures de tension artérielle plus élevées en cabinet, une anxiété ou inconfort ressentie de manière générale en milieu clinique et une augmentation de la fréquence cardiaque dans ce même contexte. « Les raisons de l’hypertension de la blouse blanche peuvent être à la fois mentales et physiques. Votre corps peut percevoir le fait d'entrer dans la salle d'examen, de faire vérifier votre tension artérielle ou la peur de recevoir un diagnostic d'hypertension comme des événements stressants. Les systèmes nerveux endocrinien et sympathique contribuent alors à une réaction de « combat ou de fuite » comme ils le feraient dans une situation dangereuse. D’autres peuvent créer davantage une « prophétie auto-réalisatrice » : ils vivent un stress lié au cabinet du médecin ou aux expériences passées qu'ils ont pu y avoir vécues. Enfin, le fait s’attendre à ce que leur tension soit élevée peut créer de l’anxiété en soi. Au fil du temps, leur esprit et leur corps se conditionnent à créer une pression artérielle élevée dans ce contexte. », ajoute-t-il.

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Des études ont montré que l’HTA blouse blanche peut survenir plus souvent chez les enfants, personnes âgées, femmes et les personnes dont les mesures en cabinet sont proches du niveau de diagnostic d'hypertension artérielle. Or il est très important, selon le réseau Ochsner de ne pas ignorer ce phénomène pour deux raisons : « il peut être un indicateur d’une véritable hypertension et/ou d’une évolution vers une hypertension soutenue. D’un autre côté, il peut être mal interprété, conduisant à des médicaments inutiles. » Le constat est le même pour l’Assurance maladie qui atteste que l’HTA blouse blanche « est responsable d’environ un tiers des diagnostics d’HTA et à l’origine d’instaurations de traitements médicamenteux chez des patients non hypertendus (patients plus à risque de développer dans le suivi une HTA permanente mais pas plus à risque de développer une complication de l’HTA, donc surveillance requise sans traitement) mais aussi d’excès de traitements chez des hypertendus connus. » Heureusement, les personnes concernées peuvent miser sur quelques réflexes pour minimiser son apparition une fois devant le médecin.

6 stratégies pour éviter l’apparition d’une hypertension de la blouse blanche

  • Soyez votre propre défenseur. Trouvez un professionnel de santé qui permet une communication ouverte. Une meilleure relation prestataire-patient peut diminuer l’anxiété.
  • Préparez-vous. Avant votre visite, évitez les activités qui peuvent augmenter temporairement votre tension artérielle, comme la caféine, l'exercice et le tabagisme.
  • Pratiquez de relaxation. Essayez la respiration profonde ou la méditation en attendant et pendant la mesure de la tension artérielle.
  • Trouvez une distraction. Apportez du matériel de lecture ou recherchez des affiches dans le bureau à lire pendant la mesure. Demandez au médecin ou à l'infirmière de parler doucement pour vous aider à ne plus penser au test.
  • Rester informé. Posez des questions à votre médecin sur votre examen de routine et renseignez-vous sur l'affection pour laquelle vous avez besoin d'aide.
  • Pratiquez une surveillance cohérenet. Gardez une trace de votre tension artérielle à la maison et apportez les résultats à votre rendez-vous. L’autosurveillance de la tension artérielle à domicile peut fournir les informations nécessaires pour différencier l’hypertension de la blouse blanche de l’hypertension soutenue.

Il est en effet recommandé officiellement de confirmer le diagnostic d’HTA avant de débuter un traitement antihypertenseur médicamenteux, en demandant aux patients de mesurer eux-mêmes leur pression artérielle en dehors du cabinet médical, au domicile. Une telle recommandation permet ainsi aux professionnels de santé de mieux comprendre la tension artérielle de leurs patients. « L’automesure tensionnelle permet d’obtenir plusieurs valeurs de tension artérielle à différents moments de la journée, sur quelques jours, en supprimant l'effet « blouse blanche » c'est à dire une augmentation passagère de la tension artérielle lorsqu'elle est prise par un médecin. », indique ainsi l’Assurance maladie. Etablie grâce à un tensiomètre disponible en pharmacie, elle nécessite le respect de la « règle des 3 » : réaliser 3 mesures espacées d’une à deux minutes, le matin avant le petit–déjeuner et avant d’avoir pris vos médicaments, effectuer également 3 mesures espacées d’une à deux minutes le soir avant de vous coucher et répéter ces mesures biquotidiennes pendant 3 jours de suite. Le patient est à chaque fois invité à noter toutes ses mesures avant de les communiquer à son médecin pour qu’il puisse en calculer la moyenne.

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Il convient toutefois de savoir que la tension artérielle n’a pas une valeur constante chez une même personne. En outre, elle n’est pas la même au cours de la journée, lors de l’activité physique, au repos ou pendant le sommeil (où elle est plus basse) et, encore une fois, en cas de stress ou d’émotions (la tension est alors plus élevée). Enfin, il a été constaté un petit écart de pression artérielle entre les deux bras c’est pourquoi les personnes concernées sont invitées mesurer leur tension du côté où elle est la plus élevée, et à contacter leur médecin en cas d’écart important. A noter également que l’effet inverse de l’hypertension de la blouse blanche existe, il s’agit de « l’hypertension masquée », autrement une pression artérielle normale au cabinet médical et anormale en dehors de ce dernier. Elle concernerait 15 % des patients pour qui le diagnostic n’était pas encore posé au cabinet et 30 % des patients hypertendus traités donc mal contrôlés. Sa survenue augmente avec l’âge et est plus fréquemment retrouvée chez les patients présentant des facteurs de risque cardiovasculaire qui seraient alors exposés à un sur-risque cardiovasculaire.

*Les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG

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